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31 juillet 2007 2 31 /07 /juillet /2007 00:04
Me concernant, les doutes, les errements, l'autocritique constante sur mon travail, la tentation du renoncement, l'angoisse de la page blanche, la confrontation avec la page blanche, sont autant de notions qui définissent mon activité d'écriture.

Ca, et la procrastination - un mot savant qui revient à la mode pour signifier poliement et de façon élégante qu'on est une grosse feignasse.

Sauf que chez moi, la remise à un autre jour est portée à une dimension quasi mystique, sinon religieuse.

Je n'écris pas tous les jours. Loin de là.

Je devrais, notez bien.

Tout scénariste digne de ce nom se doit d'écrire un minimum de lignes par jour. Il y a même d'excellentes méthodes pour s'y tenir.

Comme, par exemple, se fixer une durée minimale, même infime.
Cinq minutes par jour. Chaque jour. 365 jours par an.
Quel que soit le jour ou l'endroit.

Vous pouvez varier les supports, mais vous ne devez pas modifier votre ligne: un jour, un minimum de cinq minutes. Tout ce que vous prenez de temps supplémentaire est du bonus. Vous verrez, il paraît que c'est infaillible. Au fur et à mesure, vous augmenterez sensiblement votre temps d'écriture. Rien de garanti, par contre, sur la qualité de votre travail. Mais le volume de production sera au rendez-vous.

Il va de soi que je vous conseille ça, mais que je ne l'ai jamais mis en pratique.

Mes période d'écriture sont généralement des accès de "fièvre créatrice", qui, comme toutes les fièvres, font long feu. Le reste du temps, je joue à Wow et je regarde des série télévisées au kilomètres. (Attention, que du Premium: Sopranos, The Shield, Heroes, Deadwood, Prison Break...) Ce qui me rappelle que moi aussi, je veux écrire des choses comme ça. Et que je devrais être à mon clavier.

Une sorte de cercle vicieux, si vous voulez. 

Autre méthode, ne faites pas la vaisselle ou le ménage.

Pas au moment où vous en ressentez une furieuse envie, en tout cas. Faites ce genre de tâche ménagère - faites les, hein - quand elles sont pénibles, quand rien ne vous attire. généralement, se dit-il, une forte envie de tâches ménagères n'est rien d'autre qu'une tentative particulièrement hypocrite d'échapper à l'écriture, pile quand elle vous appelle, et quand vous savez qu'une fois assis, vous aurez le plus grand mal à sortir la moindre phrase.

Hé bien il faut vous forcer.

Ca, j'ai fait, et ça marche. (Disclaimer: ceci n'est pas un encouragement à justifier votre manque de participation aux choses du quotidien auprès de votre cher/chère et tendre. Inutile d'invoquer mes conseils pour échapper au récurage de la salle de bain.)

Enfin, une autre méthode est de casser vos routines, non pas d'écriture - si vous parvenez à écrire tous les jours entre 5 et 6 heures du matin, non seulement vous avez mon respect, mais en plus il faut continuer - mais de vie.

Ce qui marche très bien pour moi, c'est en rentrant du travail le soir. Au lieu d'ôter mes chaussures et d'aller me délasser un peu, je file directement dans mon bureau, j'allume l'ordinateur et je me mets au boulot. (Le vrai, pas l'alimentaire) C'est généralement dans ces moments là que je débloque les situations que je pensais insolubles et qui m'empêchaient de dormir sereinement la veille.

Car évidemment, bien que je n'écrive pas tous les jours, je suis la plupart du temps absorbé dans mes projets - d'où un naturel assez distrait pour ne pas dire lunaire.

Beaucoup de scénaristes ont cette tendance lourde à avoir toujours, en une sorte de tâche de fond continuelle, l'esprit en partie parasité par leurs histoires et leurs personnages. Ce qui rend généralement encore plus pénible les moments de doute, où vous ne parevenez pas à écrire alors que votre cerveau sature.

Et je m'inclus dans le "vous".

Comme quoi, malgré ce que j'ai longtemps cru dans ma prime jeunesse où je pondais des récits d'une qualité encore plus affligeante que ma production actuelle, la page blanche ça n'arrive pas qu'aux autres.

Apprendre à laisser aller - je n'ai pas dit "se" - à accepter ce blocage forcément temporaire, pour mieux revenir. Car on revient toujours. J'en veux pour preuve l'accès d'inspiration qui ne m'a plus lâché depuis que cet après-midi, Djib et moi avons enfin décidé de nous attaquer à notre Grand Oeuvre.

Mais cela est une autre histoire, que je vous raconterai en temps voulu. Et pas forcément dans ma prochaine note.

Non.
Dans ma prochaine note, je vous expliquerai la sainte horreur que m'inspirent les p'tits jeunes de 20 ans qui en veulent. Ou comment un "vieux" scénariste justifie son "retard" créatif. Ce sera confit de mauvaise foi, nappé d'excuses toutes plus pitoyables les unes que les autres - bien qu'inventives.

Ca tâche un peu, mais vous allez adorer.


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commentaires

A
Finalement, 1 mois après, il porte bien son titre, cet article (enfin, je dis ça mais je n'fais pas mieux)...
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  • : Mis à jour de façon aléatoire, Fragments est le champ de tir du scénariste Henscher. Il y traite avec un humour féroce des aléas de la vie d'un scénariste débutant (mais publié). Attention aux éclaboussures de vitriol. Et mettez les patins en entrant.
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